Des Egyptiens que j’ai connus à Paris Yousri Nasrallah
Les Causeries du vendredi à Paris (26)
Des Egyptiens que j’ai connus à Paris
Yousri Nasrallah
J’ai connu Yousri Nasrallah au Caire d’abord, car il appartient à une vieille famille copte, la famille de Madame Nina Abdelnour. Yousri fut l’un des plus importants assistants du grand metteur en scène disparu Youssef Chahine, et il a étudié dans son école, et est devenu un scénariste connu pour ses films sur des sujets sensibles dans une société dominée par le salafisme et le conservatisme. YousriNasrallah a réalisé le film Mercedes puis le film La Ville, avant de créer un cinéma diffusant une troisième langue où sont mélangés des sujets édifiants et les éléments qui attirent la plus vaste couche populaire de la société égyptienne. Je l’ai connu ensuite à Paris, alors que je préparais mon livre Cocteau l’Egyptien : Yousri s’est présenté à mon bureau à Al Ahram et a demandé une version illustrée du brouillon du livre qui n’était pas encore paru, dans l’espoir de réaliser un film sur l’histoire de ce grand poète et cinéaste français : Jean Cocteau et l’Orient.
Mais la situation a changé et Yousri n’a pas pu réaliser le film, et nous avons préservé notre amitié jusqu’au jour où je lui ai présenté mon fils qui était entré dans le monde du cinéma. Et ce fut une rencontre passionnante à Paris.
Comme nous l’avons dit, Yousri appartient à l’école de Youssef Chahine avec sa critique sociale courageuse des défauts de la société égyptienne. Egalement, Yousri Nasrallah est entré dans la période suivant les événements du Printemps arabe en 2011 en produisant un cinéma audacieux critiquant la situation politique et sociale du pays, comme le montre le film « Raconte, Shehrazade ».
Je me suis souvenu de l’aventure de Cocteau n’ayant pas eu lieu avec Yousri Nasrallah lorsque je suis tombé sur une photo de moi dans la journal Al Ahram remontant à 1998, alors que l’écrivain Mohammad Salmawy avait organisé un colloque au journal à l’occasion de la parution de mon livre « La situation française en Egypte : du rêve au projet » et j’ai vu parmi les présents Yousri Nasrallah, SayyedYassin, Munir Abdel Nour et d’autres. Donc Yousriétait toujours intéressé par ce qui touche à l’histoire des relations entre l’Egypte et la France en particulier si cela concernait les recherches des écrivains égyptiens et arabes, car la compréhension de la modernité chez Yousri Nasrallah passait par les plumes des exilés et les écrits des expatriés.
Le grand francophone égyptien Yousri Nasrallah a encore beaucoup de projets pour le cinéma dans son pays et ailleurs, car il est international au plein sens du terme.